Le patrimoine industriel d’Armentières immortalisé par la photographie d’Inventaire
Surnommée la Cité de la Toile, Armentières était le haut lieu de la fabrication de toiles de lin (plante cultivée dans les plaines environnantes) : près de la moitié des toiles fabriquées en France y étaient produites à la fin du XIXe siècle. De ces anciennes usines textiles, il ne reste que peu de traces dans le paysage urbain d’aujourd’hui : la désindustrialisation entamée dès les années 1960 a entrainé la disparition de la plupart des sites industriels de la ville.

L’entrepôt commercial de la filature Mahieu témoigne du riche passé industriel de la ville. Installé près de la gare, ce magasin était une véritable vitrine commerciale de l’entreprise Mahieu, l’une des plus grandes familles d’industriels armentiérois. L’un des deux seuls sites industriels protégés au titre des Monuments historiques (avec la brasserie Motte-Cordonnier), il est aujourd’hui reconverti en cinéma.
Conscient du caractère patrimonial de ces sites industriels, le service de l’Inventaire a entrepris de 1987 à 1990 un inventaire du patrimoine industriel d’Armentières et des communes environnantes.
Cet inventaire avait alors permis de recenser une cinquantaine de sites de l’industrie textile, mais également sept brasseries et une vingtaine d’usines de métallurgie, menuiserie ou de matériaux de construction. Presque 40 ans plus tard, une vingtaine d’usines ont été détruites et de nombreuses autres réhabilitées en logement ou bureaux. Les traces du passé industriel de la ville se font de plus en plus rares.

Photographie de Olivier Marlard. © Région Hauts-de-France-Inventaire général, 1988
La filature de coton Dufour fondée en 1913 était située rue Jules-Lebleu. L’architecture du magasin (bâtiment où étaient entreposées les toiles) est caractéristique des usines du début du XXe siècle : la charpente métallique supporte la toiture dont une partie vitrée assure l’éclairage zénithal. La multitude des poteaux rend difficile la réutilisation de cet espace pour la production industrielle de la fin du XXe siècle. Le site a été détruit.
Les quelques 700 photographies argentiques de cet inventaire viennent d’être numérisées et mises en ligne. Elles constituent aujourd’hui une source historique de premier plan pour connaitre le passé industriel de cette ville. Certains sites ont pu être photographiés dans leur totalité, parfois avec les machines lorsque les usines étaient encore en activité.

Photographie de Philippe Dapvril. © Région Hauts-de-France-Inventaire général, 1988
Le tissage Charvet était toujours en activité en 1988 et de nombreuses machines ont pu être photographiées dont cet ourdissoir qui servait à dévider les bobines de fils sur un rouleau (l’ensouple) avant le tissage.
Cet inventaire a été réalisé par Jean-Marc Ramette, chercheur de l’Inventaire général et par les photographes de l’Inventaire général (Région Hauts-de-France) Philippe Dapvril et Olivier Marlard.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Lucie Grembert (5 mai 2025). Le patrimoine industriel d’Armentières immortalisé par la photographie d’Inventaire. La Fabrique du patrimoine Hauts-de-France. Consulté le 16 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13vl9